
Une première perspective, qui prolonge les problématiques médicales de l’axe 1, place l’individu et le corps humain dans un tissu d’interactions solidaires ou contraignantes. Elle interroge tout d’abord la manière dont l’individu se dit, à travers les écrits du for privé, et se représente. Elle privilégie aussi l’histoire des femmes et du genre, intégrées à une perspective d’histoire renouvelée de la famille et des solidarités.
Sont envisagés les soins du corps et leur dimension socio-culturelle, à travers des enquêtes sur l’enfance, la maternité, mais aussi la construction collective de phénomènes corporels tels que les cultures alimentaires.
Ainsi, une enquête menée par Scarlett Beauvalet et Emmanuelle Berthiaud portera, à partir du croisement des sources médicales et des écrits du for privé, autour de la question du corps reproductif et sexué des hommes et des femmes. Plusieurs pistes sont à l'étude : comment les hommes et les femmes vivent-ils les transformations de leur corps au cours de leur vie, en lien avec ses capacités reproductives, et comment les médecins perçoivent-ils ces évolutions ? Il s'agirait à priori moins de s'intéresser à la puberté, déjà bien étudiée par les historiens, qu'à la ménopause et à son éventuel équivalent masculin, et de manière plus générale à la question du vieillissement du corps, en comparant les deux sexes, dans une perspective de genre. Une autre piste s'attacherait à évoquer la question des maladies considérées comme propres à chaque sexe : les traités des "maladies des femmes" se multiplient à l'époque moderne, qu'en est-il des hommes et en quoi cette tendance de la médecine est révélatrice d'une volonté de redéfinir la nature et les particularités des deux sexes.
Une seconde enquête (M. Bennabi) est constituée par une réflexion sur le triptyque identités-acculturation-transmission familiale. L'approche de l'identité est délibérément contextualisée dans une histoire post-coloniale et dans les logiques de relations transnationales. Cela repose une remise en question des théories sur l'identité des immigrés qui tendent à considérer la construction identitaire comme la conséquence d'une opposition entre cultures (tradition/modernité). La déterritorialisation des pratiques culturelles, dans un monde par ailleurs présenté comme bipolaire, est mise au premier plan. Une première focale est mise sur la transmission familiale chez les immigrés, abordée par le biais de la transmission des langues (en collaboration, Inserm U669, Hôpital Cochin). L'autre focale, plus en rapport avec l'histoire contemporaine, est relative aux violences collectives et à leurs effets sur la psyché, les transmissions, la filiation et les affiliations chez les descendants de Harkis. L'angle du trauma est central. En partenariat avec d'autres membres du CHSSC (Spoljar, Boniface), la recherche portera sur les processus identitaires des descendants d'immigrés pris sous l'angle de la religiosité. Un projet de recherche sur la radicalisation religieuse a déjà été présélectionné par l'ANR sous l'acronyme EMYOUR dans le but d'analyser les phénomènes d’affirmations religieuses et identitaires. Grâce à une méthode mixte, quantitative, qualitative et transulturelle (collaboration avec une équipe de L'université de McGill, Canada), il s'agit de comprendre les logiques de tensions identitaires, de soutien à la radicalisation et les processus de basculement vers l'action violente. La recherche est à l'articulation de la psychologie et de l'anthropologie du fait religieux. Elle cherche à déterminer les conditions et les formes d'inclusion des enfants d'immigrés dans la société. Dans la perspective d'une réduction des facteurs de risque, elle contextualise les processus de leur identisation dans les cadres divers d'interactions pour identifier la multiplicité des facteurs sociaux et psychiques qui engendrent des apories et exposent aux risques de radicalisation ou au passage à l'acte.